Un thème original, une approche bien structurée, mais une absence totale d'idées, de thèse et un texte dont on se demande quel peut être l'intérêt.
JL Dufour se demande quelles sont les problématiques entre guerre et ville. Voici un angle d'approche dont on n'a pas l'habitude. On se dit que ça sera stimulant. D'autant que l'auteur structure son propos par thèmes : description du terrain, des différentes situations opérationnelles (assaut, siège, insurrection, bombardement etc.) et tente de donner les perspectives contemporaines, les évolutions à venir. Cette structure est limpide et, de loin, on se demande comment mieux faire.
Mais chacune de ces sections contient un descriptif et fort peu d'analyse. Quand le thème permet d'englober des siècles, on peut encore être intéressé - ainsi des évolutions des fortifications urbaines, même si un minimum d'iconographie aurait été appréciée[1]. Mais quand on parle, par exemple, des bombardements, parmi lesquels l'essentiel est tiré de la 2GM, le texte est juste une série de descriptions des événéments, simple paraphrase[2] d'ouvrages généraux, et sans qu'il y ait une réflexion sous-jacente. Jean-Louis Dufour répète ce qu'on connait déjà, juxtapose Londres/Coventry 1940, Hambourg 1943, Tokyo 1945, mais a-t-il réfléchi à quelque chose d'autre? Au-delà des lieux communs, parfois répétés un petit peu lourdement, on ne le perçoit pas.
On sauvera un chapître entier sur Beyrouth en 1982, où la problématique du siège de la ville est un petit mieux explicitée. L'auteur était en poste à l'ambassade de France à cette période, et a pu réfléchir plus profondément à ce qui s'était passé autour de lui. Comme Beyrouth est également l'unique ville sur laquelle quelques documents sont présentés - tel ce tract lâché par l'aviation israélienne sur la ville -, on se demande un instant si Jean-Louis Dufour n'a pas écrit son livre seulement par nostalgie de son temps là-bas.
Au final, donc, une excellente idée: aborder l'histoire militaire par un prisme thématique. Mais en l'absence d'une thèse, en l'absence d'un effort intellectuel pour lier tout ce que l'excellente structure aurait pu donner, cette suite de vignettes ennuie. Un livre superflu.
3 réactions
1 De Bir-Hacheim - 12/02/2011, 22:40
J'étais passé sur cet ouvrage. Merci de me l'avoir rappeler et d'en avoir fait le tour des défauts...
2 De CM - 24/02/2011, 13:40
Merci de ce commentaire honnête.
J'aurai pu être tenté par ce livre, vu la thématique originale, et grâce à cette analyse, je vais pouvoir concentrer et optimiser mes "moyens" ;-)))
3 De Lenormand Maurice - 16/03/2011, 15:58
c'est le droit absolu de tout lecteur de juger le livre qu'il lit;
deux remarques tout de même :
-dire qu'aucune illustration de fortification n'existe dans l'ouvrage est évidemment faux, il suffit au lecteur d'aller pages 101 et 102
Je n’ai pas considéré les 2 crobards dessinés à la main comme une illustration sérieuse. Encore moins comme un choix raisonné d'illustrations permettant de faire progresser le propos de l'ouvrage.
Au hasard, quelque chose comme http://www.villesfortifiees.org/fr/villes-fortifiees/le-quesnoy/les-fortifications-de-vauban/ aurait été une authentique illustration.
-reprocher implicitement de traiter essentiellement des villes bombardées à partir de la 2ème guerre mondiale est un pauvre procès, car il ne faut pas être grand clerc pour savoir que le Second conflit mondial est la seule guerre (et laquelle!) présente entre autres spécificités le bombardement des villes..
Vous vous trompez de lecture, et s'il vous plait n'enfoncez pas les portes ouvertes.
Si Dufour avait été sérieux dans son sujet, il aurait justement cherché plus loin que les quelques villes évoquées. Il aurait déjà commencé par les premiers bombardements aériens de la 2GM, en Chine. Il aurait ensuite été plus profond sur les bombardements post-2GM, au lieu de se contenter, par exemple, de 7 lignes sur Hanoi... De toutes les façons, la lacune est flagrante: Dufour décrit mais n'a pas le moindre fil conducteur, pas la moindre thèse. Il n'a pas réfléchi.
dommage!
toute exécution (littéraire) est licite, encore faut-il ne pas inventer des arguments pour condamner plus sévèrement!