On pense fort bien connaître un moment d'histoire, et on est toujours surpris, en ouvrant un nouvel ouvrage, d'en découvrir des pans complètement nouveaux et des interprétations originales: exactement la sensation que donne ce Grand jeu de dupes, sur les relations entre URSS et Allemagne l'année précédant l'opération Barbarossa. Gabriel Gorodetsky donne ici le point de vue soviétique dans un texte riche en éléments inédits, parfaitement structuré et proposant, malgré quelques emportements dans ses conclusions, une fine analyse psychologique de la situation.
Le grand jeu de dupes décrit de façon organisée chacun des thèmes diplomatiques qui ont constitué les relations germano-soviétiques sur l'année 1940-41. L'enchevêtrement des enjeux rend le sujet fort complexe, et on se rend compte petit à petit que Gorodetsky a choisi une intelligente structure mi-chronologique mi-thématique. On parcoure dans des chapitres distincts les manœuvres dans les balkans de l'automne 1940, les négociations Molotov-Ribbentrop, le déploiement de l'armée russe du début 1941, les plans allemands, l'accord russo-yougoslave qui précède de quelques heures l'invasion allemande, le traité de neutralité avec le Japon, l'affaire Hess et les relations avec les anglais, enfin la période quand l'URSS "apaise" l'Allemagne. Tout ceci s'enchaine dans l'ordre à peu près chronologique en privilégiant la cohérence de chaque thème à la complétude de ce qui se produit une semaine donnée. Je le répète souvent: c'est la structure qui fait la qualité d'un livre, et on en voit ici une brillante démonstration: il était difficile de donner un peu de lumière sur la période sans cette organisation heureuse du sujet.
Toutefois, en fonction de ses connaissances, le lecteur a plus ou moins de mal à avancer dans le livre. Gorodetsky suppose que l'on est familier de toutes les figures citées, souvent juste présentées par leur simple titre, et force est d'admettre que l'on se perd entre les ambassadeurs en Bulgarie, Roumanie, Yougoslavie, entre les membres du cabinet britannique ou entre les collaborateurs de second rang de Staline. On regrette que les plus importants - pour ne donner qu'un exemple, Stafford Cripps, chargé d'une mission spéciale à Moscou - n'aient pas été croqués en quelques lignes. A de rares exceptions, le livre se tient à sa ligne analytique sans se laisser aller à des anecdotes[1].La section la plus difficile à suivre fut pour moi la description des pressions diplomatiques sur la Roumanie et la Bulgarie - un passage où j'ai cru que j'allais lâcher le livre, avant de reprendre pied quand furent évoqués des thèmes plus familiers.
Dans l'ensemble, le texte prend le point de vue soviétique plutôt que le point de vue allemand. S'appuyant sur d'extensives recherches dans les archives, non seulement des grandes puissances mais aussi des pays balkaniques, il apporte toute une série de petits faits nouveaux ou rarement soulignés: les soviétiques grignotant les rives du Danube après avoir mis la main sur la Bessarabie; ou arrêtant d'envoyer des matières premières à l'Allemagne au printemps 1940, avant de s'y remettre rapidement dès la chute de Paris; les différences entre les compte-rendus que font Ribbentrop et Molotov de leurs entretiens; les gesticulations en direction de la Turquie; Moscou étant informé de la directive "Barbarossa" moins d'une semaine après sa signature par Hitler en décembre 1940; etc.
Cette recherche originale construit les trois thèses qui sous-tendent le livre. La première, la plus originale, est que ce sont les tensions entre les ambitions impérialistes de l'URSS et de l'Allemagne, illustrées dans les Balkans à l'automne 1940, qui ont décidé Hitler à mettre en route la guerre contre l'URSS. La description méticuleuse des manœuvres diplomatiques et des diverses pressions exercées sur la Roumanie - entre, pour l'URSS, la prise de la Bessarabie et la volonté de s'imposer à la conférence danubienne, et pour l'Allemagne l'installation d'un Etat pro-nazi - montre la réalité de la rivalité, encore plus soulignée par les entrechats sur la Bulgarie, où les soviétiques s'imaginent fin 1940 pouvoir installer des bases pour n'être qu'à un jet de pierre des détroits turcs, tandis que les allemands ont besoin d'y installer des troupes pour envahir la Grèce. L'auteur conclut hardiment que c'est le constat qu'on ne pouvait s'entendre avec les russes qui détermine Hitler à les agresser. L'aspect idéologique est balayé d'un revers de la main[2]. Et l'impasse dans laquelle se trouve l'Allemagne au sud, une fois compris qu'il n'était pas possible de s'appuyer sur Espagne-Vichy-Italie pour détruire l'empire colonial anglais, est tout simplement ignorée. Si on voit bien que Gorodetsky creuse cette dimension balkannique comme rarement auparavant, on ne le suit guère dans sa conclusion.
Une seconde thèse, argumentée en détails, est la méfiance entre anglais et soviétiques. La Grande Alliance a fait oublier combien les deux pays étaient rivaux. L'URSS n'a qu'une peur: d'être entrainée dans la guerre trop tôt (Gorodetsky rappelle non seulement l'état de préparation lamentable de l'Armée Rouge en 1940 mais aussi le fait que le plus haut niveau de l'Etat en était parfaitement conscient), et perçoit tout signal venant des anglais comme une tentative de les entrainer dans la guerre. En face, étant donné le pacte germano-soviétique et les différences idéologiques et politiques, les anglais ne font aucunement confiance aux russes. Les soviétiques, à mesure que l'armée allemande se met en place à sa frontière, sont terrorisés à l'idée que les anglais concluent une paix séparée; et la communication maladroite des anglais sur ce que vient faire Hess chez eux ne fait qu'ajouter à la paranoia de Staline. Un chapitre entier est consacré à l'impact qu'à eu le "message de Churchill à Staline" - ce fameux événement que Churchill a quasiment créé de toutes pièces dans un admirable passage de ses mémoires - pour démontrer qu'il a été au mieux ignoré, au pire contre-productif. Gorodetsky conclut donc que, ne croyant pas à la fiabilité des anglais, Staline n'envisage jamais de les jouer contre les allemands, et se ferme donc une possibilité diplomatique, qui le contraint à espérer s'entendre avec Hitler.
La troisième thèse porte sur "tout ce que savait"[3] Staline des intentions allemandes. On a tous entendu que tel réseau de renseignement avait prévenu Staline, que l'agent haut en couleur basé à Tokyo avait donné la date exacte de l'invasion, que tel informateur avait signalé des concentrations de troupes. Mais c'est ici le travail d'archives qui montre l'accumulation des rapports, issus de toutes parts, qui préviennent Staline du danger. Il y a bien sûr les agents infiltrés dans le commandement allemand (dont un agent double...), mais aussi le réseau des ambassades soviétiques qui rapportent ce qui transparait des discussions des dirigeants locaux avec les allemands, les communistes d'Europe occupée qui relèvent que telle division blindée est transférée à l'est, les innombrables agents postés en Pologne ou en Prusse Orientale qui notent chaque jour le nombre de trains circulant sur les voies ferrées, la construction de nouvelles routes et pistes d'aviations, l'accumulation de munitions et d'essence non loin de la frontière, les centaines de vols de reconnaissance menés par les allemands au-dessus du territoire soviétique, sans parler, tout simplement, de l'ambassadeur allemand à Moscou. On perçoit à la fois la richesse, le détail, et la fiabilité du renseignement relevé. Mais surtout, qu'il est inutile à changer l'hypothèse que veut croire Staline: Hitler bluffe, il se met juste en position pour ouvrir les négociations, il n'est pas insensé au point de me déclarer la guerre, il commencera au moins par un ultimatum. Et ce sont donc tous les éléments soutenant ce point de vue (par exemple, la soi-disant brèche entre "l'armée qui pousse à la guerre" et "Hitler qui veut négocier") qui sont retenus par Staline. Je ne me souviens pas d'une plus impressionnante démonstration des forces et faiblesses du renseignement: tout le travail de terrain ne sert à rien si le récipiendaire est incapable d'un point de vue objectif.
Le texte précis et bien structuré de Gorodetsky, publié il y a une dizaine d'années, est une avancée manifeste sur le sujet. Original à de nombreuses reprises, il est une saine lecture qu'on ne peut regretter, les conclusions les plus audacieuses servant au moins de poil à gratter.
Notes
[1] Quelques unes néanmoins: la scène surréaliste quand Staline débarque, totalement ivre, à la gare de Moscou raccompagner le ministre des affaires étrangères japonais; les annotations faussement benoites de Maisky, l'ambassadeur soviétique à Londres, après s'être rendu avec son commissaire politique à une rencontre avec Eden, alors que ce dernier avait expressément demandé à voir "l'ambassadeur" et non "son conseiller"
[2] Tout le livre prend comme hypothèse que les Etats n'ont que des visées impérialistes, dans la ligne, par exemple de Bismarck
[3] Pour reprendre le titre d'un autre livre qui échouait dans son projet...
8 réactions
1 De Stéphane Mantoux - 07/06/2012, 19:57
Excellente fiche de lecture ! Ca donne envie de l'acheter... et de lire un bouquin rafraîchissant sur un sujet où trop de bêtises ont été dites.
Notamment la théorie de l'attaque préventive justifiant l'agression nazie.
2 De Tietie007 - 08/06/2012, 21:22
Je n'ai pas l'impression que Gorodestky ait découvert quelque chose de nouveau ... Dans le désir d'entrer en guerre contre les soviétiques, il y a des causes multiples, comme l'aversion hitlérienne contre les bolcheviques, l'Ostpolitik des teutons envers les slaves, la résistance anglaise et l'impérialisme soviétique dans les Balkans et autour de la Baltique. Je ne pense pas qu'on puisse trancher entre tous ses facteurs, et que la décision hitlérienne relève un peu de tout ça.
Sur ce que savait Staline, il y a le très bon livre de David E.Murphy.
Quant à la méfiance des soviétiques envers les anglais, elle aura toujours existé.
Pour ça que je n'ai pas acheté le bouquin de Goro, même si vous m'avez donné l'envie de le lire.
3 De Collectionneur - 11/06/2012, 12:34
Avoir des bases soviétiques sur son flanc sud aurait faire avoir de l'urticaire au petit caporal, mais songait'il vraiment dès 1940 à envahir la Grèce ?
Je pensait que c'était les initiatives de Mussolini qui voulait rejouer à l'empire Romain en attaquant ce pays sans prévenir son ''allié'' qui avaient incité à la campagne des Balkans.
Cordialement.
4 De bill (le débile) - 11/06/2012, 22:42
Bonjour,
J'avais le souvenir que le livrede Gorodetsky était une réponse cinglante à Rezun et aux révisionnistes allemands. N'ayant lu aucun des bouquins de ces derniers, pouvez-vous nous dire si le Gorodetsky est à la page ou si d'autres ouvrage sur le thème de la soi-disant invasion préventive de l'URSS apportent des nuances sur ce sujet.
Godoretsky a répondu en détails à la thèse de l'URSS "sur le point d'attaquer l'Allemagne" dans un article qui, s'il est cité dans son livre, n'en est pas l'essentiel. Ce livre n'a donc pas pour but, malgré quelques mots en introduction, de revenir sur ce point. La position des militaires soviétiques au début de 1941 est suivie en détails, ainsi que leurs interactions avec Staline, mais il ne s'agit pas de "re-démontrer" qu'il n'y a pas d'intention offensive, ou de réfuter la désinformation d'auteurs peu sérieux. Pour le dire autrement: le livre dépasse le débat "années 1990" et se veut un texte de référence, plutôt qu'un ouvrage "d'actualité".
5 De Frédéric - 14/06/2012, 09:42
Cette version poche à t'elle de nouveaux ajouts par rapports à la version grand format sortie en 2000 ?
Cela me surprendrait. On y trouve 2 cartes (chacune mise dans le chapitre de l'autre...) et aucune photographie. Ceci dit, je n'ai pas souffert d'un manque criant, donc pas l'impression de quelque chose de tronqué (contrairement à certaines ré-éditions en poche qui suppriment les cartes...). Evidemment, rien de neuf non plus.
6 De Nicolas Bernard - 14/06/2012, 17:44
Merci pour l'excellent commentaire consacré à ce travail majeur. Il est rare, d'ailleurs, que des ouvrages puissent être considérés comme classant définitivement des problématiques historiques. L'attitude de Staline vis-à-vis de Hitler de 1940 à 1941 est ici largement éclaircie. Ce qui précède a d'ailleurs fait l'objet d'un autre ouvrage du même auteur, "Le mythe du Brise-Glace", paru en russe: http://scepsis.ru/library/id_440.ht...
Mise à jour bibliographique ici: http://www.livresdeguerre.net/forum... (voir également les débats qu'a générés ce post)
A noter également: Gorodetsky analysait déjà la doctrine militaire soviétique, pour en expliquer les forces et les faiblesses (dont le fameux concept de "période initiale de la guerre"). Description trop théorique, sans doute, qui a totalement échappé aux contemporains, à la différence des pages - d'une grande clarté mais malheureusement discutables - d'un Jean Lopez.
Deux points de désaccord, néanmoins, qui tiennent tous deux à une profonde sous-estimation des facteurs idéologiques dans les mécanismes décisionnels de l'Allemagne et de l'Union soviétique :
1) Gorodetsky me paraît mal cerner le rôle de Hitler. Ce dernier n'a jamais envisagé une quelconque entente avec la Russie communiste, et s'est décidé bien plus tôt à l'attaquer que ne le pense l'historien israélien. A mon avis, la conquête a été programmée avant la rédaction de "Mein Kampf", le calendrier n'étant fixé qu'au cours du mois de juillet 1940, à l'issue de cette étape indispensable qu'est l'écrasement de la France. A l'issue de mes recherches, je n'exclus plus que le Führer ait initialement envisagé une invasion différée, c'est à dire qu'il aurait peut-être préféré attendre quelques années supplémentaires pour passer à l'action. Mais les Britanniques, avec qui il espérait conclure la paix ce même été, ont persisté à résister, ce qui créait le risque, à terme, d'une intervention des Etats-Unis dans le conflit. Dans cette perspective, il lui était impératif de liquider l'Armée rouge et de conquérir le Lebensraum avant que le conflit, de localisé, ne dégénère en guerre mondiale. De cette manière, non seulement le Reich deviendrait auto-suffisant, mais, en outre, les Occidentaux seraient mis devant le fait accompli et ne pourraient, cette fois, que se résigner à négocier. Raisonnement à la fois rationnel, parce que sensé, et totalement délirant, parce qu'idéologique.
2) Gorodetsky semble également sous-estimer la place de l'idéologie chez Staline. Or, ce dernier restait indubitablement imprégné d'idéologie marxiste, quoique à la sauce russe. Le dictateur soviétique était convaincu d'avoir trouvé l'unique voie de développement qui vaille pour son pays, à savoir le socialisme, qui plus est "à toutes vapeurs". J'en veux pour preuve que le dictateur s'est accroché contre vents et marées à ce modèle dans son propre pays, et que l'occupation des pays de l'Est par l'Armée rouge, dès 1939, a toujours amené, à plus ou moins court terme, la mise en place d'une économie dirigée, fondée sur l'industrialisation et la collectivisation.
De plus, la vision du monde du dictateur géorgien s'est très fortement inspiré de Lénine, sauf dans sa dimension révolutionnaire : dans leur logique, la planète restait divisée entre "eux" (les capitalistes bourgeois) et "nous" (les communistes soviétiques), et il n'était pas inconvenant de conclure des accords de circonstance avec une puissance capitaliste, même fasciste, si l'intérêt de l'U.R.S.S. était en jeu. Staline est certes allé plus loin, puisque l'U.R.S.S., dans les années trente, a rallié la "sécurité collective", mais le Vojd ne cachait pas, en privé, son mépris pour le "fumier ligue-des-nationien". Bref, Gorodetsky a raison de parler de Realpolitik, mais à condition de la subordonner à des considérations spécifiquement "marxistes-léninistes".
7 De le lecteur - 14/06/2012, 20:37
@Nicolas Bernard
Merci de ce riche commentaire, et aussi des liens indiqués.
Je ne le notais que par une brève incise: la dimension idéologique est en effet totalement absente du livre de Gorodetsky.
Ceci dit, autant il y a cohérence idéologique entre les thèses de Hitler des années 1920 et son attaque contre l'URSS, autant faire un lien direct de cause à effet, comme si le fait de passer de pamphlétaire marginal à chef de l'état ne pouvait rien changer à la façon d'appréhender les choses, mérite d'être discuté. Car finalement, l'argument d'une attaque contre l'URSS pour ne plus laisser d'espoir à l'Angleterre, et, d'une pierre deux coups, s'assurer une hégémonie incontestée en Europe, n'est pas du tout idéologique. Militaire, stratégique, diplomatique même - mais pas idéologique: un empereur prussien aurait pu arriver à la même conclusion.
Pour l'URSS, la vision de Gorodetsky, et c'est frappant, est que les relations diplomatiques sont en totale continuité avec celle de la période tsariste. Gorodetsky multiplie les analyses où il explique le comportement des soviétiques par le souvenir de tel ou tel événement du 19ème siècle, par exemple la guerre de Crimée. On ne voit jamais la moindre vulgate communiste interférer, sinon de façon mineure quand un télégramme diplomatique accompagne les instructions à l'ambassadeur de la recommandation d'une campagne de presse favorable animée par le PC local. Dans tout Gorodetsky, d'ailleurs, le canal "Komintern", direct vers les communistes à l'étranger, est ignoré ou considéré comme non pertinent. Difficile de dire s'il s'agit là de simple pragmatisme (inutile d'aller agiter les ultra-minoritaires d'extrême gauche quand on est en train de discuter avec le dictateur local) ou si Gorodetsky fait une impasse.
8 De Nicolas Bernard - 18/06/2012, 20:27
Re-bonjour,
1) Si vous voulez, la décision de Hitler est idéologique dans son fondement (épargner les Aryens anglo-saxons, abattre ou repousser en Asie les judéo-bolchéviks, disloquer le "complot juif international" qui tire les ficelles à Londres, Washington et Moscou), et stratégique dans son objet (paix avec la Grande-Bretagne, campagne militaire minimale conte elle, et déchaînement de l'invasion à l'Est, avec génocide juif et dépopulations à la clé). Il ne s'agit pas seulement de décourager l'Angleterre, car si telle était l'intention exclusive de Hitler, un rapprochement avec l'Union soviétique serait envisageable, quitte à sacrifier quelques territoires balkaniques ou le long des détroits turcs, ou, tout simplement, à faire preuve d'un chantage en massant des troupes aux frontières orientales. Staline, comme le montre Gorodetsky, ne demande qu'une entente avec son homologue nazi, au moins provisoire, et l'angoisse des dirigeants britanniques, jusqu'au printemps 1941 INCLUS, découle de ces perspectives de rapprochement... qui ne sont chez Hitler qu'une intox supplémentaire.
2) Gorodetsky a raison de tenir le Komintern pour quantité négligeable dans la diplomatie stalinienne. Contrairement à ce que beaucoup, à l'Ouest, croient encore à cette époque, l'institution n'est plus guère qu'une courroie de transmission des directives de Moscou aux P.C. du monde entier. Ce qui éclaire tout de même une certaine affaire que l'on croit à tort franco-française, celle de la tentative de reparution de "L'Humanité" en zone occupée : http://www.livresdeguerre.net/forum... et http://www.livresdeguerre.net/forum...
Mais ce n'est pas parce que l'Internationale est soviétisée et subordonnée que Staline ignore toute idéologie, et ce qui peut apparaître critiquable chez Gorodetsky. Le dictateur s'accroche au "socialisme dans un seul pays" parce qu'il pense avoir trouvé, grâce à Marx et Lénine, la seule voie de développement qui tienne dans toutes les Russies. C'est pourquoi, sur le plan diplomatique, il s'attache, non pas à semer la Révolution, mais à défendre les intérêts de l'U.R.S.S., quitte, pour le coup, à partager les inquiétudes et les ambitions géopolitiques des précédents Tsars, notamment sur la Crimée.